Lors de sa réunion du 12 juillet, l’Office parlementaire
d’évaluation des choix scientifiques et technologiques – OPECST, a
approuvé le rapport présenté par le sénateur Gilbert Barbier (RDSE,
Jura) intitulé Les perturbateurs endocriniens, le temps de la
précaution.
Dans ce rapport, il rappelle que les inquiétudes relatives aux
perturbateurs endocriniens proviennent de l’augmentation importante et
non encore expliquée de maladies liées au système hormonal comme
certains cancers ou des problèmes de fertilité. En France, l’incidence
du cancer du sein a doublé depuis 1980. Il en serait de même du cancer
du testicule dans les pays développés depuis 1970. En matière de
fertilité, les chercheurs s’inquiètent d’une possible combinaison d’une
baisse de moitié du nombre de spermatozoïdes et d’une augmentation des
malformations génitales masculines. Le rapport souligne que les données
scientifiques disponibles rendent crédible un lien de causalité entre
ces maladies et l’action de substances perturbant le système
endocrinien. En effet, l’impact avéré de certaines de ces substances sur
les animaux sauvages, l’analogie avec des produits comme le distilbène
ou la chlordécone et plusieurs publications académiques vont dans ce
sens. Cependant, les incertitudes restent nombreuses notamment quant aux
mécanismes d’action à faible dose, en mélange ou à des moments précis
de la vie et quant aux différentes molécules impliquées. Le sénateur
Gilbert Barbier estime toutefois que les données disponibles sont
suffisantes pour agir dès maintenant afin de protéger les populations
les plus vulnérables, tout particulièrement les bébés et les femmes
enceintes. Il propose donc :
de renforcer l’effort de recherche et d’améliorer sa coordination
pour relever les défis scientifiques posés par ce problème émergent de
santé publique. Il demande plus particulièrement à ce que des efforts
soient faits au niveau européen pour aboutir d’ici à 2013 à la
validation de tests internationaux permettant de détecter les
perturbateurs endocriniens ;
d’informer les consommateurs et d’apposer un pictogramme similaire
à celui présent sur les bouteilles d’alcool pour indiquer sans
ambiguïté aux femmes enceintes ou allaitantes qu’elles devraient éviter
de s’exposer, elles et leurs jeunes enfants, à des produits contenant
des perturbateurs endocriniens. L’apposition de ce logo serait soumise à
un avis de l’ANSES dans le cadre des évaluations en cours des
perturbateurs endocriniens potentiels ;
enfin, d’affirmer, au niveau européen, l’objectif d’interdire la
présence de perturbateurs endocriniens dans les produits spécifiquement
destinés aux femmes enceintes et allaitantes et aux jeunes enfants car
le moment d’exposition peut être plus important que la dose, et
d’accélérer la substitution des produits problématiques tels que les
phtalates à chaîne courte (DEHP) dans les applications médicales à
destination des publics sensibles.